Le titre de l’album de Sola Akingbola, "How Should I," va bien au-delà d’une simple chanson ; c’est une expérience riche et immersive qui marie histoire, héritage et modernité. Connu pour ses percussions vibrantes au sein du groupe iconique Jamiroquai et pour ses compositions pour Bob Hearts Abishola, Sola se dévoile ici à travers un projet profondément personnel et ambitieux. Ce morceau incarne son exploration de la fusion culturelle, unissant ses racines yoruba à ses influences britanniques dans un paysage sonore unique. Il est accompagné de l’actrice lauréate d’un Olivier, Sheila Atim, dont la voix apporte une dimension hantée et introspective, transformant "How Should I" en une puissante expression d’intimité et d’universalité. La chanson commence par un groove doux et décontracté, créant immédiatement une atmosphère d’espace et d’introspection. Les percussions de Sola sont subtiles mais évocatrices, plongeant l’auditeur dans un cadre texturé et atmosphérique, à la fois intemporel et contemporain.
L’instrumentation superpose des éléments organiques et électroniques, conférant au morceau une ambiance captivante de jazz-lounge. La voix de Sheila Atim entre comme une invitation murmurée, ajoutant une intensité silencieuse qui résonne tout au long de la pièce. Sa voix est tendre et résonante, se glissant délicatement à travers l’instrumentation, guidant l’auditeur dans un voyage d’identité et de réflexion personnelle. Les mots, rares, se transforment en poésie, chaque ligne portant le poids de l’histoire ancestrale et de la contemplation personnelle. Le titre même, "How Should I," pose une question ouverte qui invite les auditeurs à explorer leur propre compréhension de soi et d’appartenance. La révérence d’Akingbola pour la poésie yoruba et les classiques grecs résonne subtilement ici, se déployant en vers qui semblent à la fois intemporels et immédiats. Cette approche minimaliste amplifie l’attrait émotionnel de la chanson, entraînant l’auditeur dans un espace de réflexion partagée qui transcende les barrières linguistiques et culturelles.
Un des aspects les plus marquants de "How Should I" est la fusion sans effort d’éléments musicaux yoruba avec un son britannique moderne. Les rythmes inspirés de l’Afrobeat se mêlent aux nuances du jazz britannique, créant un arrangement à la fois complexe et contenu, qui maintient l’atmosphère introspective au premier plan. Les motifs rythmiques des percussions ont un caractère presque rituel, comme un battement de cœur, reliant l’auditeur à quelque chose de primitif et d’intemporel. En même temps, les nuances jazz-lounge ancrent le morceau dans une esthétique contemporaine, le rendant accessible à des auditeurs de tous horizons. Cette fusion met en valeur la polyvalence d’Akingbola et son profond respect pour son héritage et pour les influences britanniques, aboutissant à une expérience musicale qui lui est propre.
La collaboration avec Sheila Atim ajoute une couche supplémentaire de sophistication et de résonance émotionnelle. Connue pour sa présence puissante sur scène et à l’écran, Atim apporte une qualité vocale brute et expressive qui complète la vision contemplative d’Akingbola. Sa voix, portant une vulnérabilité gracieuse, s’harmonise magnifiquement avec les thèmes de découverte de soi et de dualité culturelle de la chanson. Dans l’interprétation d’Atim, les paroles deviennent plus que des mots : elles incarnent des expériences vécues, des histoires transmises de génération en génération. La synergie entre les percussions nuancées d’Akingbola et la présence vocale puissante d’Atim donne au morceau une vie propre, le rendant vivant et en perpétuelle évolution. C’est un rappel poignant de la capacité de la musique à servir de pont entre les mondes, unissant des influences diverses dans une expression harmonieuse de la quête humaine. La qualité de production de "How Should I" est tout aussi remarquable. Soigneusement travaillée, la chanson atteint un équilibre entre chaleur acoustique et clarté digitale, ajoutant à son atmosphère immersive. Chaque instrument trouve sa place, créant une scène sonore expansive qui enveloppe l’auditeur. Des textures électroniques subtiles se mêlent aux percussions terreuses, créant une expérience d’écoute à plusieurs niveaux qui récompense l’attention minutieuse.
Ce niveau de production accentue le caractère cinématographique de la chanson, évoquant des images d’un film introspectif et stimulant. Il n’est pas surprenant que les origines de ce morceau se trouvent dans la production Hamlet de la Royal Shakespeare Company en 2016, car il conserve une qualité dramatique, presque théâtrale, qui renforce sa force narrative. "How Should I" de Sola Akingbola & The Eegun Rhapsodies est une œuvre inoubliable qui résonne à plusieurs niveaux, touchant à la fois le cœur et l’esprit. Ce morceau est une synthèse magistrale de styles musicaux et d’influences culturelles, montrant la profondeur d’Akingbola en tant que compositeur et interprète. Avec ses thèmes introspectifs, son instrumentation sophistiquée et les voix envoûtantes de Sheila Atim, la chanson défie les genres pour devenir une puissante méditation sur l’identité, l’héritage et la quête universelle de découverte de soi. En fusionnant son héritage yoruba avec son vécu britannique, Akingbola a créé une œuvre profondément personnelle mais universellement relatable. "How Should I" est non seulement le centre émotionnel de l’album mais aussi un témoignage de la capacité de la musique à transcender les frontières et à connecter les gens à travers les cultures. Pour les amateurs de musique du monde, de jazz, ou pour quiconque recherche une expérience saisissante, ce morceau invite l’auditeur dans un monde vibrant et multiculturel, aussi réfléchi que captivant.
Écrit par Ryann
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